Quelle est la pérennité des plages biodétritiques réunionnaises construites en arrière de récifs frangeants en contexte de changement climatique et de pressions anthropiques locales croissantes ?
Le recul des plages coralliennes est signalé à La Réunion dès les années 70 en parallèle des premiers constats de dégradation de l’état de santé du récif. Des signes évidents de reculs s’observent jusqu’à aujourd’hui (présence de grès de plage à l’affleurement, affouillement au niveau de la végétation pérenne, effondrement de structures anthropiques...). Un suivi topographique basé sur des profils de plage réalisés a partir d’un topomètre a été engagé dès les années 1992 par l’actuel Laboratoire Géosciences Réunion (LGSR) sur les plages récifales de La Réunion afin de tenter d’éclairer les décideurs sur les processus en cours.
Les publications antérieures (Troadec et al., 2002, ; Cordier, 2007) ont mis en évidence une dynamique sédimentaire associée à des évènements météo-marins exceptionnels (houles cycloniques durant l’été austral et houles australes durant l’hiver austral) mais les protocoles historiques ont du mal à mettre enévidence le recul pérenne des plages (disparition des bornes des sites les plus dynamiques,…). La révision du protocole de suivi établi dans la perspective de l’intégration des plages récifales dans le SOERE Trait de côte en 2011, aboutit à un cadre méthodologique plus robuste (profils topographiques au DGPS) et plus instrumenté sur les mesures topographiques. Ce protocole sera poursuivi et se diversifie dans le SNO (données TLS, drone) et intégrera un volet caractérisation de l’hydrologie en contexte de petits fonds d’arrière récif en lien avec les forçages hydrodynamiques régionaux. Si on commence à enregistrer des dynamiques morphologiques qui s’opèrent depuis 30 ans sur ces plages, la compréhension des processus en jeu reste faible en raison du manque d’instrumentation en arrière de la barrière récifale. De même les relations entre bilan des carbonates sur le récif et bilan sédimentaire des plages méritent d’être réinvesties.
Quel est le rôle de la barrière récifale en termes d’amortissement des houles australes et d’évènements extrêmes (cyclones), en termes de temps de résidence, de courantologie dans la Dépression d’arrière récif (DAR), et de renouvèlement des masses d’eau littorales ? Quels sont actuellement les évènements les plus impactant pour le trait côte et quelle est leur occurrence ?