Étudier les modalités d’érosion pluri-temporelles d’un secteur de côte à falaises verticales de craie et plateforme littorale de type A, dans un contexte de côte rocheuse à taux d’érosion remarquable à l’échelle pluri-décennale (de l’ordre du dm/an).
Le trait de côte crayeux de Seine-Maritime (Normandie) est taillé dans la craie du Crétacé Supérieur du bassin anglo-parisien et soumis au climat météorologique et océanographique macrotidal de Manche orientale.
Erosion de falaise à échelle pluri-décennale : Les vitesses moyennes de recul calculées entre 1966 et 2008 (42 ans) sur la base de levés photogrammétriques réalisés sur tout le littoral de Seine-Maritime (plus de 100km de long) indiquent une érosion moyenne de 0,15 m/an (Letortu, 2013). Différents types de secteurs ont été identifiés avec des taux à recul faible (0,09 à 0,10 m/an), à recul modéré (de 0,12 à 0,18 m/an) et à fort recul (0,23 m/an) (Costa, 2000 ; Letortu, 2013). Le secteur de Mesnil-Val, situé entre Criel s/Mer et Le Tréport est représentatif du secteur à recul modéré, avec un taux d’érosion de falaise de 0,17 m/an sur la période 1966-2012 (46 ans) (Letortu, 2014).
Erosion de falaise à échelle pluri-annuelle récente (2008-2012), les taux de recul du secteur Criel s/Mer- Le Tréport varient de 0,04 à 1,70 m/an, avec un recul moyen de 0, 45 m/an. La zone de Mesnil-Val, située à l’aval de l’épi de Mesnil-Val est particulièrement dynamique avec un recul moyen de 0,80 m sur 4 ans, lié à une période d’effondrements actifs, en particulier en 2008 (figure 1) (Letortu, 2013).
La multi-temporalité pluri-décennale/pluri-annuelle illustre bien la variabilité d’évolution court terme des falaises de craie de Manche orientale, sensibles aux épisodes d’effondrements massifs, dont la temporalité reste inconnue et difficile à prévoir, du fait de la multitude d’agents préparateurs et déclencheurs et de leurs combinaisons relatives.
Erosion période Holocène : Le contexte d’érosion long terme a été testé avec succès sur ce site, par utilisation de méthodes de datations cosmogéniques 10Be sur des échantillons de silex en place, prélevés sur la plateforme littorale de Mesnil-Val (zone d’estran). Un taux de recul moyen de falaise a été estimé sur les 3000 dernières années (Holocène terminal), de l’ordre de 0,11 à 0,13 m/an (Regard et al, 2012), en accord avec les taux d’érosion pluri-décennaux.
La cartographie de détail du secteur falaise-plateforme sous-marine a été réalisée en 2013 (campagne CROCOLIT 2013) et a permis la réalisation d’un MNT Terre-Mer à haute-résolution (1 m) du secteur littoral par couplage de données bathymétriques petit fond et du LiDAR du RGEAlti (Duperret et al, 2016). Le MNT a été étendu au Sud-Oues, au large de Criel s/Mer, grâce à la campagne SPLASHALIOT 2014 (V/O Haliotis). Ces données continues ont permis de mieux visualiser la géomorphologie de détail de la plateforme littorale et de mieux différencier les morphologies liées à la géologie structurale inhérente au site, de celles liées à une paléo-stabilisation du trait de côte holocène. L’échantillonnage complémentaire de silex sous-marins, actuellement en cours d’analyse 10Be, a été réalisé au large des précédents prélèvements pour calculer les taux de recul sur l’ensemble de la période Holocène.
Producteur | Instrument ou station | Paramètres récupérés | Historique de la mesure |
Météo France | Station du sémaphore de Dieppe. 76217001 | Vent, Pression, température, précipitations | 01/01/1945 |